Saleté et Décharges d'ordures : Concepts à revisiter !

Par mimétisme, de nombreuses études ont porté sur la saleté et le salissement en Afrique et particulièrement en milieu urbain. Après les clichés qui correspondent à l’hygiène, la propreté et les décharges publiques au travers des déchets et des ordures autour des nombreuses villes africaines ont été examinées par des spécialistes et des experts qui utilisent des focales qui déforment et peignent des tableaux plus qu’ obscurs que la noirceur de l’Afrique qui est l’image du continent le plus malpropre dans le descriptif planétaire. Toutes les villes de tous les continents produisent des volumes de déchets que personne ne peut quantifier. Le continent – poubelle  qui reçoit le plus de déchets au monde est le continent africain. Dans le transfert dit patrimonial (canaux d’évacuation des eaux, modèles du nettoiement) depuis la période post – coloniale jusqu’à aujourd’hui, cela nous permet d’apprécier l’image ordurière que présente l’Afrique. Ce continent peut être considéré comme le plus grand dépotoir planétaire.

La ville africaine a été transformée en une immense décharge du sous-développement. Dakar, la capitale du Sénégal est un cas illustratif d’un mal africain qui est difficile à diagnostiquer, encore moins à soigner par un remède miracle.
On a longuement épilogué par diverses études sur les décharges d’ordures dans les villes des pays pauvres, mais peu, on s’est préoccupé d’une systématisation d’un processus de dépotoir organisé par des techniques économiques qui mettent en relation, suivant deux échelles, par une opposition : Riches et Pauvres, ou pays industriels et pays sous-développés. Il s’établit une relation autour des articles ou produits retrouvés comme déchets des pays pauvres un véritable dépotoir des pays riches. Ces Riches envoient, à la demande, aux pauvres des objets qui leur étaient inconnus, il y a un siècle, un demi-siècle, voire il y a une décennie, ou d’une année à l’autre. L’ordre d’échelle géographique entre l’Afrique et l’Europe, ou l’Asie ou l’Amérique, montre à travers les échanges commerciaux internationaux, que les plus Riches sont les plus grands recycleurs dont le petit ramasseur autour de la décharge de la ville africaine n’est que l’image réduite de l’Etat qui importe n’importe quoi. Dans les pays riches, le recyclage est une nécessité, alors que dans les pays pauvres, la présentation occidentale et les emprunts opérés par certains chercheurs en font une opportunité. Ce qui apparaît comme une description par opportunisme.


Dans les villes des pays pauvres, notamment africaines, il s’amoncelle des objets nouveaux qui posent la véritable question de la prise en charge qu’est la gestion du déchet ou des ordures modernes. Tous ces jeunes anthropologues, surtout des pays développés, qui s’exercent autour des dépotoirs africains ou dans les villes africaines pour envoyer des images de la saleté peuvent s’arrêter aux portes des villes des pays riches où ils vivent. Ils trouveront dans les décharges de leurs riches pays les mêmes objets. Mais à la seule différence, le plus souvent, que la qualité et la norme ne sont pas souvent les mêmes. C’est cela la véritable problématique de la décharge dans toutes les villes africaines. La politique de collecte des déchets et celle du dépôt qui donne la décharge désorganisée en plein air et qui demeure la question qui attire de nombreux spécialistes doit être interrogée en remontant le cours des transactions, en termes de produits, de normes et de biens de consommation.
Les pays pauvres, comme le Sénégal, importent des objets dont les rejets, après usage, posent le problème de la collecte et du dépôt, en un mot du recyclage. Car en effet, il s’agit le plus souvent d’objets de mauvaise qualité, ou bien d’objets recyclés en seconde phase de vie qui arrivent pour connaître quelques autres segments de vie en plusieurs étapes de recyclages autour des méthodes de bricolage liées aux questions de survie qui expliquent la bataille contre la pauvreté véritable. L’importation des voitures d’occasion et celle des motos connues sous l’appellation de Scooters illustrent bien cette situation.






Le questionnement doit être organisé autour du paradigme de la décharge, de son alimentation, des enjeux économiques qui appellent des échelles d’analyse dont certaines méritent d’être mesurées en y intégrant profondément la dimension géographique qui sert à revisiter les espaces en relation (Espace des Riches versus celui des Pauvres) et le bref temps historique qui produit ces espaces régionaux, dépotoirs qui, en quelques sortes, sont les reflets de leurs homologues en pays industrialisés.
Il s’agit, ainsi, de mettre en place une méthodologie ouverte d’approfondissement conceptuel qui ne s’arrête pas sur le dépotoir d’ordures d’une ville appartenant à un pays pauvre, mais la décharge doit être vue comme un objet d’étude complexe qui appartient à un système dont l’organisation échappe à l’analyse simpliste mais aux grandes chaînes théoriques des économies qui s’enrichissent en exploitant le niveau de développement faible à travers des relations commerciales Internationales théorisées dans des chaînes d’analyses socio-économiques et politiques.
L’Afrique est le grand bazar ou le souk des produits pacotilles depuis la période post-exploratoire jusqu’à aujourd’hui dans le contexte d’un monde globalisé où les enjeux de marché commandent presque tous les rapports socioéconomiques. Le grand marché de consommateurs qui ne produit presque rien et importe pratiquement tout (des céréales aux serviettes hygiéniques) et continue de prôner la maîtrise hydraulique pour une autosuffisance alimentaire et qui n’est pas atteinte avec le système d’exportation d’un produit unique (arachide, phosphate) et l’importation d’huile en fût et d’engrais en sachet.



Les publications scientifiques qui concernent les décharges d’ordures en Afrique sont commandées par des systèmes de financement appuyés par des multinationales qui trouvent un intérêt dans la production des déchets et leur gestion moderne souvent désignée comme l’assainissement. Une image de la saleté est ainsi propulsée à travers une focale rétrécie et réductrice à prisme vers des canaux médiatiques qui présentent le nègre et suivant une chromatographie assimilant la base depuis la noirceur jusqu’à la blancheur. L’Afrique noire est présentée avec ses déchets, véritables décharges alimentées par les producteurs et penseurs des pays industriels. Le système politique moderne s’appuie sur les techniques de marketing à la mode en vue d’administrer des instruments nouveaux de gestion des défaillances managériales qui ne profitent qu’aux plus riches qui salissent les plus pauvres. Après les objets importés des pays riches, la saleté produite par tout un système inadapté d’emballages, de produits consommés et dont les restes sont mal gérés, il faut vendre les moyens de prise en charge dans une autre enveloppe de dénonciation d’accumulation des déchets autour des décharges ou bien à travers les images qui montrent l’amoncellement d’objets inconnus, propres au développement et dont l’après-consommation ne prévoit pas quoi en faire ? Du mouchoir à jeter inconnu il y a un demi-siècle aux sachets d’eau qui fleurissent les prés et les pelouses du Sénégal, on est passé à une mutation d’objets nouveaux qui sont incrustés en habitude de consommation moderne par mimétisme sans résultat garanti en termes d’hygiène meilleure et de propreté. Si ce n’est pire en termes de saleté, de pollution et de risque car les deux produits n’empêchent pas la prolifération des microbes ou des virus car ils sont rejetés n’importe comment à l’air libre et le contenu des sachets est dit « eau filtrée ». Cette eau n’est pas exempte de microbes ou de bactéries… (Ou ne présente aucune garantie de qualité). Et après usage, ces objets d’emballage sont retrouvés à l’air libre. Par la culture d’emprunt le rejet ne peut être qu’à l’air libre. Bien des explications sous-tendent cette manière de procéder.



L’analyse moderne de la situation quant aux méthodes d’une autre civilisation des pays riches  d’appréhension de la saleté pour un assainissement, la gestion ainsi dite de la propreté ou pour un mieux propre, le financement d’un système complexe, dit secteur de l’assainissement montre des résultats pires qu’il y a 50 ans. Immédiatement après les Indépendances, certes les villes des pays africains étaient moins riches, mais elles étaient moins peuplées et moins salies. La saleté d’aujourd’hui est toute différente par la composition, en objets physiques, de la saleté historique confondue souvent au manque d’hygiène. Cette situation est commune aux cultures du monde.
A suivre…



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