Les inondations à Kaolack (Sénégal) - Histoire et défaillance.

Les inondations à Kaolack  (histoire et défaillance)
A la fin du XIXème siècle, la ville de Kaolack accompagne l’émergence d’un dynamisme économique qui est consacré par deux faits majeurs. L’organisation de la centralité renforcée par le rail et l’importance de l’arrivée des paquebots et chalands sur le Saloum. C’est une ville secondaire et un carrefour par sa gare, les routes et le port. Kaolack, ville d’eau, est aussi une ville du sel. Une grande démonstration historique l’organise en île continentale. Ce qu’on connaît en géographie comme un delta intérieur. L’Histoire ou la légende sont bien soutenues par quelques considérations toujours actuelles. Ces faits sont omniprésents dans le paysage et permettent de renforcer la compréhension de l’organisation spatiale. En 1906, l’affirmation des grands investissements coloniaux ne se limite pas à Dakar. Les villes qui permettent à la colonie de recevoir l’arachide, comme c’est le cas de Kaolack, vont accueillir les investissements et infrastructures dont la plupart date de cette période. Le marché porte l’appellation des Halles de Kaolack (inscription de frontispice). Depuis les quais du port, le drainage des eaux pluviales est organisé. Il s’agit de canaux qui ceinturent la partie centrale autour du marché. Le caniveau De gaulle est une célébrité d’époque éponyme, pour son envergure à l’époque. Le caniveau de Passoire – Tabangoye renseigne sur l’organisation de l’assainissement liquide. Il s’agit d’une option de drainage des eaux pluviales comme partout ailleurs où la réponse coloniale, face aux eaux, s’est manifestée. Le centre-ville dans sa dénomination Escale – Léona est ceinturé par une canalisation de dimension réduite et, qui a fini par être confondue dans un ensablement de nivellement. Mais ce patrimoine français renvoie à un bornage concis de la ville sous contrôle et administration coloniale. L’eau de pluie est évacuée vers l’exutoire du fleuve Saloum et son débordement exceptionnel s’effectue par les tannes. Il émerge sur les bordures jusqu’avant l’indépendance en 1960 les quartiers de la banlieue de Kaolack. Le système d’assainissement du tout-à- l’égout n’a concerné que de petits îlots qui se renforcent dans les cités de « Bongré » avec le service des habitations à Loyer modéré (HLM).
Depuis que l’extension, comme par une spatialité élastique, s’est poursuivie suivant un dynamisme absorbant, l’étalement de la ville a rattrapé des villages qui ont fini de constituer des quartiers qui se cherchent dans l’écheveau urbain. Du coup, à la fin des années 1970, les villages de Thiofac, Keur Maloum qui ne signifie que le cimetière lointain ont offert leur interface de non mans’land comme terre promise à une catégorie de ruraux urbains. Le tout se joue sur des aires bien connues des autochtones et mal maîtrisées par les immigrants. Des zones de mares et de marigots sont comblées par des terrassements qui feignent d’oublier les niches hydrologiques de stagnation de longues durées. On se souviendra du marigot bien connu sous l’appellation de ‘’Deux baobabs’’, de "Blanchard'' et les ‘’Camba ya’’ grands prolongements de dépressions en carrières artificielles régulièrement occupées par les mares annuelles et qui ont été fréquentés par de nombreux jeunes en expérience de pêche saisonnière. Les trouées ou « Camb ya » marquaient la limite entre Sara Ndiougary et les « Passoires ». Il s’agit en effet, d’une partie de l’emplacement du lycée Cheikh Ibrahima Niass.
Mais Kaolack est une ville qui a vécu dans ses époques souveraines de grande ville d’émigration par une contrainte de ses terres salées qui n’accueillaient aucune végétation et étaient déjà marquées par des remontées capillaires en saison des pluies. Une sorte de bras qui se ramifiait par celui qui sépare le camp d’aviation au domaine de Cheikh Soumouno en donnant le Camp d’Aviation (acronyme accroché en Canda). C’est par ce bras que se déversaient les eaux de « Passoire » vers le fleuve Saloum. A l’époque toutes les maisons qui avaient des difficultés pour aménager une fosse septique avaient aménagé des bidons de peinture de 20 litres que des gueux d’une catégorie particulière venaient chercher tard la nuit et les déposaient ou – déversaient - dans le fleuve ou creusaient régulièrement un trou à côté de la maison pour les ensevelir, alors que la bordure des rails animait le soir des événements dramatiques de soulagement qui sont de mauvais souvenirs. Le bornage de la ville est un fait d’époque de la période postindépendance. Le souvenir de cités amphibies montre les ‘’Abattoirs’’ et ‘’Ndar Gu Ndaw’’ ou Petit Saint-Louis (image d’insularité en saison des pluies) qui sont les quartiers permanemment en eau. Un canal passait sur la limite de Léona et Ndar Gu Naw jusqu’à la ramification de Médina Mbaba. Au-delà de cette limite, en caniveau, commencent les quartiers irréguliers, les quartiers flottants de la ville de Kaolack.
Au-delà du port c’est Koundam. Entre la prison, le Service de l’élevage et devant l’école de Kasnack aussi passait un canal qui a ceinturé les nouvelles HLM Bongré et bifurquait derrière la prison et devant la direction de l’élevage. Après chaque grande pluie les eaux stagnaient principalement dans la zone de Kasnack-Kassaville, le prolongement de Sara Ndiougary, les quartiers flottants alimentés par les eaux de Passoire et leur substratum réceptacle argileux. C’est ce substratum qui demeure la contrainte majeure du refus d’absorption par infiltration qui explique le calvaire de nombreux quartiers de Kaolack.

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