BARGNY-Gueth : Un sacrifice à la mer en 1000 Maux !
Bargny–Geth, un sacrifice à la mer. Depuis 1999, je visite la partie de cette commune située sur le bord de mer. Environ six rangées de concessions (30 à 50 m) ont été emportées par les vagues. Lorsqu’on franchit la passerelle qui assure le rôle de pont et réduit l’enclavement, on enregistre une série de problèmes que vivent les populations installées, comme les premiers habitants sur la terrasse argileuse remblayée à l'aide coquillages comme sur de nombreuses îles du Sénégal. Le cordon sableux, jadis très mince est absorbée par la mer. La hauteur du cordon a été mentionnée par. Demoulin D , 1970, qui évoque sa colonisation par Opuntia sp, (figuiers de barbarie ou-cactus appelés localement gargabossé). De Bargny-Geth à Bargny-Minam, la largeur (ou l’épaisseur) du cordon change en fonction de l’occupation humaine et des activités qui contrastent avec les stratégies d'occupation de l'habitat.
Des maisons fantômes
Du côté ouest, la mer fait face au village ancien auquel
il confère l’éponyme : Bargny–Gueth ou Bargny-sur-mer. Les actions des
vagues sont plus incisives à la base de la terrasse à l’argile noire mêlée de
coquillages blancs. Ce qui témoigne d’une époque de calme hydrologique à l’époque
de l’installation des premiers habitants que certains auteurs situent vers le début du XVIIIe siècle. Le
remblayage par tapissage, à l’aide de coquilles prélevées ailleurs, est une
pratique des communautés insulaires du Sénégal. Bargny–Gueth a gardé ce
caractère insulaire, malgré sa relation rapprochée d’avec le continent. Cette communication est rendue plus fonctionnelle par une petite passerelle en très mauvais état aujourd’hui. Sans ce
petit point de passage, la lagune l’isolerait saisonnièrement en île.
Lire:
Demoulin,
D. 1967 : L’étude
de la géomorphologie littorale de la Petite Côte, de Bargny au marigot de la
Nougouna (Sénégal), Département de Géographie, Dakar, 122p.
Demoulin, D. 1970 : Etude
du massif de Ndiass et de ses bordures. Thèse de Doctorat de 3e cycle,
Département.de géographie, Dakar, 228 p.
Bargny Minam en 2013
Des déchets en offrande à la lagune
A l’Est un bras à écoulement
temporaire borne la limite du village ancien. Certains l’appellent la Houloupe. En saison des pluies, la mer franchit parfois
le mince cordon sableux et une communication est établie avec les eaux qui
descendent du plateau calcaire de Bargny qui affleure à marée basse à Bargny-Minam.
C’est un petit hameau dont il ne reste que ruine aujourd’hui. Jadis c'était un prolongement
en quartier de Bargny-Gueth. Un espoir est lu dans le toponyme qui renvoie au site de pèlerinage de Mina en Arabie Saoudite. De part et d’autre des rives de la lagune, les
quartiers installés amènent les déchets des ménages qui sont déversés jusque
dans le lit de la lagune en espérant que le balayage des premières pluies les
déposera en mer. Cette forme de nettoyage n’a pas bien fonctionné en 2013. Le volume de
déchets déposés a été tellement important que le franchissement des déchets sous le petit pont n’a pas ''marché''. Il a fallu l’intervention du Génie militaire pour
éviter l’inondation aux maisons installées sur les deux rives de la lagune.
Appréciez sur deux images de
saison sèche (2011) et de saison des pluies quant à l’état de l’environnement sur les
deux rives de la lagune de Bargny et aux environs du pont, passerelle qui
permet d’accéder à Bargny-Gueth, lorsqu’on vient de la partie du centre-est.
Bordure de la lagune de Bargny-Gueth, Sept 2013
Au nord du village de
Bargny-Gueth, sur le bord de mer est né un marché et une aire de transformation
du poisson (séchage et fumage). Plus au nord avant le franchissement de la
route nationale, une ancienne activité de récolte du sel est menée par des
femmes. Cet art des sauniers produit un sel qui, aujourd'hui
est plus sollicité dans la transformation des produits halieutiques. Une pêche
très spéciale (plus ou moins hors norme) a cours. Elle cible de petits poissons étalés après pour
séchage sur les terrains salés et destinés à l’exportation vers certains pays
enclavés de l’Afrique de l’Ouest. C'est une spécialité des pêcheurs de Bargny. On
s’en rend compte en examinant de très près la taille des mailles des filets de
pêches réparés par les (pêcheurs : photos 2013).
Plus au sud de Bargny-Gueth, sur
la rive gauche de la Houloupe une grande aire de braisage et de séchage du
poisson, appelée ‘’Khelcom’’ attiré de nombreuses femmes. On trouve le même
type d’activités dans les confins de Joal, Djifère et qui portent la même
appellation de Khelcom en référence des terres de culture du Grand Khalife des
mourides, Feu Serigne Saliou Mbacké.
Même maison en 2013
Bargny Minam 2011, même maison
Une pollution de plus
en plus active
Au nord comme au sud, les limites
des aires de transformation envoient une épaisse fumée, véritable pollution
olfactive que l’on a habitude de rencontrer, aujourd’hui, sur la Petite Côte au
Sénégal.
Après la cimenterie de la Sococim
qui pollue moins l’atmosphère de la commune aujourd’hui, le relais de la
pollution est repris par la fumée des herbes, du bois et des coques d’arachides
utilisés dans le fumage et le braisage du poisson. Ces aires de transformation sont
des ‘’usines de production des déchets importants’’. Les différents rejets dans la lagune, en saison
des pluies, lui confèrent une coloration multiple et des odeurs variables. Elles
sont fonction de la nature des ordures, des déchets, des eaux et de certaines
autres activités (restes de poissons, eaux des fosses septiques, filets abîmés,
sachets, bouteilles – voir photo 2013).
A cela s’ajoute le dynamitage
opéré par l’usine de la Sococim qui rajoute, aux diverses pollutions, le bruit
et la secousse qui fissurent les murs et les structures des bâtiments. La
détonation a amené les intonations bruyantes. On feint d’être habitué.
Le Port minéralier est un éléphant blanc du Sénégal
que l’on retrouve dans la déclamation des déclarations de politique générale de
nombreux premiers ministres du Sénégal. Il s’y ajoute l’usine de charbon projetée
sous le règne du président Abdoulaye Wade et qui n’a pas encore vu le jour et
dont le site dédié se trouve à Bargny-Minam, une des zones les plus affectées
par l’érosion côtière au Sénégal.
Bargny-Gueth, Cocotier repère en 2011
Cocotiers en 2006
Premières maisons au nord de Bargny. Aujourd'hui ces maisons ont disparu. Elles ont été balayées par l'érosion (photo, 2006)
Bargny Geth, 2011
Un cimetière marin appelé à mourir (des ossements humains emportés)
Après Minam, c’est Siendou en direction du Sud, moribond par ce qu’il reste de son cimetière... Une
commune nouvelle annoncée sans étoffe. A l’avant
du cordon gréseux la terrasse fossilifère abritait les morts. Les ossements
sont déterrés par les actions des vagues. Après le site des vivants, c’est
celui des disparus qui est avalé par la mer.
Un avenir à réfléchir face aux défis
Bargny, de manière générale, par
sa position sur le bord de mer offre un espace foncier d’une complexité
historique inédite au Sénégal. Les témoins sont représentés par une certaine toponymie
accompagnée d’une revendication traditionnelle de la propriété foncière. On
note une opposition nette entre spéculateurs d’un genre nouveau et ayants-droit. L’Etat
interfère en sollicitant des terrains vagues pour les convertir en terre promise comme c’est le
cas du site de recasement des mécaniciens de Dakar.
Aux confins de ce site lagunaire se trouve un
laboratoire qui mérite des études en perspective de réponses à de nombreuses
questions environnementales, politiques, sociales, etc.
Bargny Minam en 2011
Bargny Geth en 1999 - Le voyage vers le monde du village fantôme
L'érosion à l'entrée de Bargny Minam (photo 2011). Tous ces cabanons ou belles maisons sont aujourd'hui complètement détruites
Bargny-Minam, 2013 - Cabanons écroulés
Bargny Minam, 2013 vue de loin.
Cordon gréseux qui protège Siendou, 2006
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