Inondations et Stratégies individuelles
Inondations
et Stratégies individuelles : faux fuyants, faux clichés !
Le ballet
des véhicules 4X4 est presque régulier autour des bassins de rétention. Ce 23
mai, au moment où nous visitions le site du bassin de Nietty Mbar les voitures
du plus puissant bailleur de fonds de l’Etat démarraient. La carte qui servait
à la reconnaissance a été enroulée. Le départ est donné. C’est cela la
distanciation. Il n’est pas aisé de visiter les sites inondés ou d’inondation à
la veille de la saison des pluies. Un panneau domine le bassin qu’on compte
clôturer.
Des jeunes commencent à creuser une tranchée. A l’abri, face à la motopompe les éléments du GNSP sont pré-positionnés à la place des concessionnaires. On s’engouffre dans les ruelles sinueuses pour lire les stratégies individuelles de préparation des ménages.
Dans la
commune de Dieddah Thiaroye Kao, la préparation de la saison des pluies dure
neuf (9) mois au moins. On s’adapte comme on peut. Lorsqu’on a expérimenté une
seule fois l’inondation, on sait à quoi s’en tenir. Les maisons qui vivent le
risque d’être affectées protègent leur toiture en tôles ondulées, à l’aide de
toile cirée, de bâches de récupération.
Dans de nombreux cas, les maigres
économies ont permis d’enlever l’ancienne toiture de zinc rouillé pour la remplacer
avec les parpaings connus sous l’appellation populaire ‘’d’ardoises’’. Cette période offre l’occasion de surélever
le plancher des maisons en y ajoutant des rangées supplémentaires de briques. Ce
qui permet de gagner un mètre (1 m) de hauteur. Les portes des maisons seront
rehaussées, tout comme les fenêtres. Les prises d’électricité seront aussi
déplacées en hauteur. Si les moyens le permettent la fosse septique est relevée
d’un mètre (1 m). Les toilettes sont reprises. Si les moyens sont encore
disponibles, la fosse septique est extériorisée. Au voisinage des bassins de
rétention, l’évacuation des eaux usées et des eaux de toutes catégories se fait
en quittant le tout-à-la-rue pour intégrer le tout-au-bassin. Ces bassins de
stagnation des eaux qui avaient un caractère temporaire ont fini d’avoir un
statut permanent – à l’image des fosses septiques - pour constituer une infrastructure d’hydraulique
de substitution imposante et qui règle provisoirement la question de l’inondation.
Lorsque
les populations reviennent d’un déménagement temporaire, il leur arrive d’acheter
des camions de gravats pour remblayer les maisons et les ruelles. C’est le
retour en zone d’inondation. Ainsi la visite d’une maison se fait en escaliers.
On monte pour entrer dans la maison. On descend vers les chambres en bas-fonds
obscurs. Et on attend la prochaine saison des pluies. Advienne que pourra !
Pour
répondre à l’humidification temporaire du sol qui est un phénomène omniprésent,
les populations adoptent le retour à l’ensablement des cours des maisons. Un
sable fin et bien tamisé recouvre, aujourd’hui, la cour de nombreuses maisons. Le
matériau est souvent prélevé dans la rue. En cas de survenue de l’inondation
dans la maison on peut augmenter le volume sableux ou l’amoindrir pour drainer
les eaux suivant la pente à moindre frais. De cette manière les coûts liés au
dallage ou carrelage répétitif sont amoindris.
Ce qui
frappe dans la plupart des ruelles sablonneuses c’est la propreté particulière
qui rompt avec la saleté des sites inondés ou des maisons abandonnées qui
jouent le rôle de dépotoir pour les proches voisins. L’assainissement est de ce
point de vue une question complexe. Le proche voisinage sert pour évacuer les
eaux sales et les déchets solides. Les clichés de la saleté et les
dysfonctionnements notés dans la qualité de l’assainissement relèvent de
stéréotypes fortement médiatisés et amplifiés à l’image de la pauvreté. En
visitant les sites, par les catégories hybrides de l’habitat, on peut nuancer
ces images.
En effet, tout doit être relativisé dans cette banlieue de Dakar,
où se développe une cohabitation ingénieuse de survie labellisée « espace d'hybridation".
Le champ
doit être exploré à nouveau avec un œil sans prisme déformant. En quoi faisant ?
En développant des méthodes d’approche nouvelles plus collaborative
(non-inclusive, ni participative). C’est là où le bât blesse. La connaissance
reste à parfaire !
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