Extrait Livre de Mame Demba Thiam - Solutions durables, pensez aux grands chantiers de l'Assainissement au Sénégal
Le combat qui doit être mené contre les inondations est d’abord politique. Il faut définir la stratégie nationale pour faire face, la réduire et l’éradiquer. Pour se faire, l’urgence est la connaissance des zones qui souffrent depuis longtemps de ce fléau. Un bilan qui renseigne sur les espaces concernés, le temps de contrainte ou durée des inondations, les victimes et les pertes. La définition des politiques à mener s’inscrit d’abord dans une dynamique économique. Résoudre le problème des inondations ne sera pas facile, mais une approche qui s’inspire de la lutte contre les syndromes doit mobiliser des moyens et favoriser la prévention par des politiques et actions d’anticipation. Si le mal est fait, la prise en charge doit intégrer toutes les catégories qui sont affectées. Il ne faut plus laisser des populations avoir la possibilité de rester dans les eaux.
Par ailleurs, il faut rompre avec les réactions face à l’urgence. Depuis plus d’une décennie, les chemins empruntés sont connus de tous. Les victimes des inondations quittent un moment et retournent sur le même site. Alors que rien n’a été réalisé pour empêcher la survenue de la catastrophe quant à l’année suivante. A part les bassins qui concentrent les eaux de pluies. Ils ressemblent aux fosses septiques qui ne sont pas étanches et qui sont aménagées un peu partout au Sénégal. On ne peut pas garder cette eau ni dans les bassins, ni dans les fosses. Il faut rompre avec cette forme d’assainissement. La réponse, quel que soit le coût, doit définir les grands chantiers de l’assainissement au Sénégal. Les grands programmes qui ont creusé les villes du Sénégal pour l’alimentation en eau devaient accompagner la canalisation en retour de l’eau amenée vers des stations d’épuration pour l’utilisation communautaire (usine et agriculture). Il n’est pas tard pour bien faire. Dans la plupart des cas, il est possible de bâtir même des châteaux d’eau pour retourner les eaux usées en suivant des circuits bien organisés. Certaines de nos villes ont rattrapé des villages. Pour ces derniers, les formes de plans qui sont présentés ne peuvent pas coexister avec un réseau d’assainissement. Les solutions qui sont proposées au bulldozer reviendraient trop cher, car il s’agit pour certains de casser et de reconstruire. Pour sortir l’eau des villes, des villages, des quartiers, des maisons et des chambres, on peut bien ne pas avoir besoin de créer un autre désordre plus coûteux et souvent inacceptable, mais de développer des stratégies qui s’appuient sur l’ingéniosité des populations qui ont déjà tenté des solutions qu’il faut voir sur le terrain. La réflexion est importante. En écoutant le maire de Dalifort intervenir ce 15 Janvier 2010 à travers les ondes de certaines radios FM (c’est le jour du Conseil Interministériel sur le plan Orsec), on se rend compte du fait que les populations victimes sont renseignées, réfléchies et imaginatives. Car, si le Sida affecte moins d’1% de la population avec des moyens de lutte à l’échelle de la menace et un Comité National de lutte qui mobilise des stratégies, des moyens de prévention, de prise en charge, le syndrome des inondations qui affecte plus de personnes doit tenter de faire mieux. La suggestion est tellement évidente et ne se résume que d’un trait : par le voisinage, nous avons la mer et il n’y a rien de plus simple que de canaliser les eaux pour qu’elles se déversent dans un exutoire naturel.
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